Introduction
Objet de ce document
À propos de cette publication
Un guide sur le nouveau cours de théorie de la connaissance (TdC) a été publié en mars 2006 pour premiers examens en mai 2008. Ce nouveau cours a été élaboré suite à une révision portant essentiellement sur l’évaluation, en reconnaissance de certaines lacunes dans le cours précédent. Trois systèmes différents ont donc été testés et ont permis d’établir une série de quatre nouveaux critères permettant d’évaluer l’essai en externe.
Les essais et les commentaires présentés dans cette publication visent à clarifier l’utilisation pratique des critères d’évaluation retenus pour cette composante. Les essais proviennent de la première session d’examens de mai 2008. Pour chacun d’eux, des commentaires rédigés par des examinateurs superviseurs viennent expliquer les points attribués.
Nouveaux critères pour la composante d’évaluation externe
Même si les quatre nouveaux critères d’évaluation ont principalement été élaborés pour mieux présenter le contenu des six critères précédents, un changement d’orientation significatif s’est opéré, notamment pour le nouveau critère B intitulé « Perspective du sujet connaissant ». Ce critère rassemble en effet des éléments issus de plusieurs critères précédents, mais il se focalise également sur l’attitude des élèves vis-à-vis des problématiques de la connaissance. Les nouveaux critères ont été largement reconnus comme plus faciles à comprendre et d’application plus « transparente ».
Tout système d’évaluation demande un équilibre entre validité et fiabilité. Il est entendu par « validité » que le système mesure ce qu’il est censé mesurer (et dans ce cas, cela signifie également qu’il encourage de bonnes pratiques en classe) et par « fiabilité » qu’il permet d’obtenir des notes cohérentes indépendamment du moment et de l’examinateur. Le groupe de révision du programme d’études chargé d’établir la nouvelle série de critères était déterminé à préserver la validité de l’évaluation pour la TdC. Il souhaitait également apporter une plus grande fiabilité, mais cet objectif s’est avéré difficile à atteindre. Il est toujours compliqué d’évaluer un essai et il est possible que celui de TdC soit encore plus difficile à évaluer car il est complexe par nature et ne dispose pas de l’élément « stabilisateur » associé à un contenu factuel attendu, tel qu’il peut exister dans une réponse à une question d’examen d’histoire ou d’économie par exemple.
Cependant, malgré quelques opinions contraires, il a été observé que l’exactitude des prévisions des enseignants pour la TdC était comparable à celle constatée pour d’autres matières (plus de 40 % sont parfaitement exactes et plus de 90 % sont à une note près). Ces éléments suggèrent que l’évaluation faite pour ce cours est, dans l’ensemble, plus fiable que ce que l’on peut parfois penser.
Présentation du matériel
Ce matériel de soutien existe en français, en anglais et en espagnol, et chaque version comporte au moins un essai correspondant à chaque note. Comme il n’était pas approprié de traduire les travaux des élèves, les essais et les commentaires sont différents pour chaque langue. Les enseignants qui connaissent une ou plusieurs de ces langues pourront juger utile de consulter les différentes versions.
Outre leur anonymisation, les essais apparaissent dans leur format original et seule une numérotation des lignes a été ajoutée pour faciliter les références aux travaux.
À titre d’information, les cinq notes des essais de TdC, avec les bandes de notation établies pour mai 2008, sont les suivantes :
Note A |
Travail excellent |
30 – 40 points |
Note B |
Bon travail |
23 – 29 points |
Note C |
Travail satisfaisant |
17 – 22 points |
Note D |
Travail médiocre |
11 – 16 points |
Note E |
Travail élémentaire |
0 – 10 points |
Utilisation de cette publication
Il y a plusieurs façons d’utiliser cette publication. Vous pouvez lire un ou deux essais, avec leurs commentaires, puis essayer de « noter » les autres afin de comparer votre évaluation à celle des examinateurs superviseurs. Vous pouvez également demander à vos élèves de noter un ou deux essais, ce qui leur permettra de mieux comprendre ce qu’ils doivent essayer de faire, ou éviter, dans leurs propres essais.
Nous ne nous attendons pas à ce que vous soyez d’accord avec tous les jugements présentés ici. Néanmoins, nous espérons qu’ils font preuve d’une approche cohérente. Nous serions intéressés de savoir si vous avez trouvé cette publication utile et, plus précisément, comment vous l’avez utilisée. Vous pouvez nous faire part de vos commentaires sur cette publication et de vos suggestions pour modifier le système d’évaluation dans le forum consacré à la TdC sur le Centre pédagogique en ligne de l’IB (CPEL).
Travaux d’élèves évalués
Pour consulter les différents éléments de cet exemple, cliquez sur les icônes situées à droite de l’écran.
Sommaire
Exemple 1
Commentaires de l’examinateur
Note attribuée : A
Critère A |
8 |
Critère B |
9 |
Critère C |
8 |
Critère D |
9 |
Total |
34 |
Un très bon essai qui explore tout de suite le sujet imposé, soit par des analogies à la vie quotidienne du candidat, soit par des exemples tirés de l’histoire de la science (Rutherford, Einstein et Maxwell). L’expérience personnelle du candidat est plus présente dans la première partie de l’essai où le candidat arrive à émettre des réflexions reliant le sujet imposé à son expérience personnelle d’une façon convaincante. À partir du 6e paragraphe, il se base un peu trop sur Feynman et les exemples sont moins étudiés et moins personnels. Cependant, dans l’ensemble, l’essai fait preuve d’un traitement pertinent qui demeure focalisé sur une interprétation du titre axée sur le langage.
Critère A – Comprendre les problématiques de la connaissance
Points attribués : 8
L’essai se focalise constamment sur les problématiques de la connaissance en montrant diverses façons de traiter le sujet en tant que propositions et interprétations. Le candidat fait un bon lien entre sciences physiques, perception sensorielle et raison (4e paragraphe) après avoir présenté la problématique de la manière dont la physique permet d’éclaircir la raison pour laquelle un mur « solide » ne peut pas nécessairement arrêter certaines formes de radiation (3e paragraphe). Le travail démontre de la compréhension en ce qui concerne le langage. Le candidat fait par ailleurs des comparaisons entre les autres modes de la connaissance, comme la raison et le sens (2e paragraphe) et puis, un peu plus tard, la physique/science en tant que domaine de la connaissance (3e et 5e paragraphes). On y trouve des liens au langage comme mode de présentation. Par contre le lien qu’il fait avec les mathématiques (7e paragraphe) n’est pas aussi convaincant car il est traité de façon assez superficielle et générale.
Critère B – Perspective du sujet connaissant
Points attribués : 9
On trouve de nombreuses indications de réflexion indépendante et d’exploration personnelle, surtout dans les paragraphes 1 à 5, ainsi qu’une prise de conscience du sujet dans les différentes perspectives [par exemple quand l’élève fait référence au principe d’identité (1er paragraphe), suivie par la perspective qu’on peut réconcilier les deux affirmations « en proposant qu’elles ne sont valables qu’à l’intérieur de leur champ de connaissance respectif » (3e paragraphe) ; il y a aussi un bon exemple au 5e paragraphe servant à démontrer que les termes « solide » et « constitué principalement de vide » ne sont pas irréconciliables en indiquant que « ‘solide’ n’implique pas nécessairement ‘plein’ »]. Les exemples sont variés (donnés aux paragraphes 3, 4 et 5) et montrent la voix du candidat. À partir du 6e paragraphe, les exemples sont historiques et font un peu moins preuve de réflexion personnelle. Néanmoins l’exemple sur la relativité (paragraphe 6) est bien utilisé. Au paragraphe 7, des exemples en mathématiques et logique font défaut, ce qui réduit la présence de l’élève en tant que sujet connaissant.
Critère C – Qualité de l’analyse des problèmes de la connaissance
Points attribués : 8
L’analyse des problèmes de la connaissance est d’une qualité qui démontre une certaine perspicacité et profondeur. Les arguments sont explorés et justifiés, surtout du côté du langage. Les implications ont été identifiées (par exemple le fait de ne pas pouvoir tenir compte des deux affirmations en même temps – 3e paragraphe). Les domaines comme la science et surtout les mathématiques sont assez bien traités, mais le tout manque de détail. Les contre-arguments sont explorés dans les paragraphes 1 à 5, mais après, ils ne sont presque plus utilisés (sauf au 7e paragraphe – les mathématiques où il est impossible de réconcilier des affirmations contradictoires se basant sur le principe « du tiers exclu »). La majorité des arguments sont justifiés.
Critère D – Organisation des idées
Points attribués : 9
L’essai est très bien structuré et très cohérent. L’introduction est très bonne et présente directement le problème de la connaissance soulevé par le sujet imposé (paragraphe 1) avant de l’élargir dans le paragraphe suivant. Malheureusement, la discussion dans la notation en bas de page réduit un peu la clarté, tout comme la discussion implicite de l’exemple de Rutherford trop tirée de Feynman (paragraphe 4) ainsi que le traitement abstrait des mathématiques dans le paragraphe 7. Il manque aussi une référence à Rutherford au paragraphe 4. Le nombre limite de mots imposés a quant à lui été respecté.
Exemple 2
Commentaires de l’examinateur
Note attribuée : A
Critère A |
8 |
Critère B |
8 |
Critère C |
7 |
Critère D |
9 |
Total |
32 |
Cet essai est bien focalisé sur des problématiques de la connaissance pertinentes et comporte une discussion solide qui atteint un bon niveau de sophistication mais pèche par manque d’exemples. L’élève présente bien la problématique. Il donne son point de vue et explique le danger de dire que tout est relatif en considérant différentes perspectives.
Critère A – Comprendre les problématiques de la connaissance
Points attribués : 8
La discussion est entièrement pertinente par rapport aux problématiques soulevées par le sujet imposé. Par exemple, le candidat considère si la vengeance peut être justifiée d’un point de vue éthique par son contexte, mais se rend compte que la réponse est indéfinie. Il se demande alors comment le savoir et qui peut en juger, mais il laisse la question sans réponse. Il présente des arguments pour soutenir la théorie selon laquelle tout est relatif, mais explique les dangers de ce point de vue. On trouve une bonne compréhension pendant toute la discussion. L’élève traite plusieurs domaines de la connaissance ainsi que des modes de la connaissance et établit un bon nombre de liens : la perception (2e paragraphe) ; l’émotion, l’éthique et les sciences humaines (5e paragraphe) ; l’histoire, l’émotion et le langage (6e paragraphe) ; la science et la raison (7e paragraphe) ; l’art et l’émotion (8e paragraphe).
Critère B – Perspective du sujet connaissant
Points attribués : 8
Bien qu’il y ait une référence aux théories philosophiques établies (le nihilisme et le scepticisme, 2e paragraphe), il est clair que la discussion résulte de l’engagement du candidat avec les problématiques soulevées par le sujet imposé. La voix du candidat s’entend clairement, par exemple lorsqu’il dit que notre perception de l’art est hautement personnelle mais que cela ne veut pas dire que tout est art, et qu’il faut noter l’importance du « contexte temporel et social » (l. 87) comme influence sur les perspectives. Différentes perspectives sont considérées : philosophique (3e paragraphe) ; légale (6e paragraphe) ; des définitions changeantes de ce qui constitue l’art (8e paragraphe). Le candidat dit qu’en histoire « il est très difficile d’acquérir la vérité absolue (l. 47) et que dans les sciences « le contexte semble être moins important » (l. 57), mais ces perspectives ne sont pas justifiées par des exemples. Le manque d’exemples dans ce travail est à noter [il n’y en a que trois : le crime passionnel en opposition au meurtre prémédité (6e paragraphe) ; les peintures de Van Gogh (8e paragraphe) ; la poésie de Baudelaire] et il s’agit plus de mentions que d’exemples analysés.
Critère C – Qualité de l’analyse des problèmes de la connaissance
Points attribués : 7
Les arguments sont tout à fait cohérents et considérés assez profondément. Les affirmations sont justifiées par l’argumentation, plus que par les exemples qui manquent dans cet essai. Il y a au moins deux assertions qui ne sont pas justifiées : 1. que les hypothèses promulguées par les humains sont nécessairement imparfaites (7e paragraphe) et 2. qu’il y a certaines valeurs et « vérités générales » qui sont acceptées par tous (9e paragraphe). Pour la plupart, l’argumentation est convaincante. Quelques contre-arguments sont pris en considération : la technologie (le microscope) opposée à la perception brute (2e paragraphe) et les perceptions changeantes de ce qui constitue l’art (8e paragraphe). Il manque un contre-argument concernant le langage (6e paragraphe). L’idée, exprimée d’un ton sceptique, qu’ « afin de justifier ces hypothèses, un scientifique va faire tout son possible, ce qui peut détourner la vérité » (ll. 62-63) est un peu simpliste, n’est pas justifiée et requiert un contre-argument. On trouve une certaine originalité dans le point de vue que « ce n’est pas dans la diversité des opinions qu’on va donc chercher la vérité mais dans une enquête avec le souci de la preuve » (ll. 22-26). Les implications des arguments sont presque toujours considérées, ce qui mène à la reformulation de la problématique dans le 4e paragraphe. La conclusion établie dans le paragraphe final est logique, et s’enchaîne avec ce qui la précède.
Critère D – Organisation des idées
Points attribués : 9
L’essai est bien organisé et bien structuré, même si en faisant le tour des domaines, il ne présente pas beaucoup d’originalité. La discussion de la problématique générale mène logiquement à une considération des problématiques dans les divers domaines de la connaissance. Le langage est toujours clair et facile à comprendre. Les termes sont définis et/ou redéfinis de façon à aider le lecteur à bien comprendre l’argumentation. Il n’y pas d’erreurs factuelles (mis à part les assertions mentionnées ci-dessus). Il n’y a aucune référence fournie, mais en effet il n’y en a pas vraiment besoin. Une exception est la constatation qu’ « il existe tout de même certains critères qu’il se doit de suivre, reconnus par exemple par des professeurs ou des experts » (ll. 83-84). Le nombre limite de mots imposés a été respecté.
Exemple 3
Commentaires de l’examinateur
Note attribuée : B
Critère A |
6 |
Critère B |
5 |
Critère C |
6 |
Critère D |
7 |
Total |
24 |
Cet essai est un bon travail sans toutefois être excellent. Il constitue un bon exemple par rapport aux sujets imposés portant sur l’éthique : en effet, les élèves trouvent ces titres difficiles en TdC, car ils pensent qu’on peut dire presque n’importe quoi, étant donné que nous sommes tous des « experts » en la matière. En essayant un peu trop de ne pas tomber dans ce piège, l’élève démontre une certaine tendance à se reposer sur la philosophie. L’essai reste néanmoins globalement pertinent, considéré et assez profond.
Critère A – Comprendre les problématiques de la connaissance
Points attribués : 6
La compréhension du sujet, focalisée sur les problématiques pertinentes, est assez bonne. Le candidat identifie bien comment avec des arguments rationnels, il est possible de justifier les décisions morales, ajoutant que ce type d’argument est « indépendant de l’expérience et de l’affectivité » (ll. 24-25). Certaines idées manquent cependant de clarté (par exemple, la théorie selon laquelle la base de la morale « reste disputée entre la raison et l’affectivité », ll. 6-7, découle d’une argumentation confuse). Les seuls modes de la connaissance traités sont ceux indiqués dans le sujet imposé : il en aurait fallu plus (par exemple, ll. 63-65 : le candidat présente deux positions qu’il n’arrive pas à concilier et qu’il traite sans justifier). Le candidat évoque le sens de la culpabilité (paragraphe 4 et conclusion) sans jamais en démontrer la pertinence.
Critère B – Perspective du sujet connaissant
Points attribués : 5
La voix du candidat s’entend de temps en temps (par exemple ll. 7-25), mais en général, le candidat se contente de présenter et de discuter des exemples hypothétiques (l. 25 sqq. l’école prend feu, l. 34 sqq. un tireur fou, l. 66 un sans-abri). La plus grande partie de l’essai semble être une présentation de diverses théories philosophiques (Hume, Spinoza, Kant) que le candidat essaie de traiter de façon personnelle. Différentes perspectives sont mentionnées, mais encore une fois, le candidat ne fait que reprendre les pensées des philosophes. L’essai ne présente qu’un seul exemple réel (celui d’Anna O), qui s’avère en outre mal exploité et peu pertinent.
Critère C – Qualité de l’analyse des problèmes de la connaissance
Points attribués : 6
Les problématiques sont explorées et la plupart des arguments sont justifiés. L’argumentation est généralement cohérente à quelques exceptions près : les prémisses de l’argument reposant sur l’incendie de l’école ne sont pas claires (paragraphe 3), et tuer un tireur qui fusille les élèves d’une école n’est pas le même cas que tuer une personne quelconque (paragraphe 5). « Si je me suis déjà fait battre par un sans-abri… » (l. 72 sqq.) est un argument extrême invraisemblable. Le candidat ne démontre pas que la raison et l’émotion s’opposent nécessairement (paragraphe 6) et la théorie selon laquelle la raison et l’émotion complètent « les failles de l’autre » n’est pas non plus justifiée (paragraphe 6). L’argumentation reposant sur les théories de Spinoza et Descartes n’est pas claire (paragraphe 6), de même que l’idée un peu arbitraire de « sauver les gens en santé » pour l’impératif catégorique (ll. 27-32). « La raison permet à la réflexion de l’homme d’échapper au trouble de l’affectivité » (paragraphe 6) est un exemple de constatation qu’il aurait fallu soutenir par un exemple. On relève par ailleurs quelques contre-arguments, mais pas en nombre suffisant. Par exemple, le candidat aurait dû considérer que les émotions étaient aussi universelles que la raison, or, il se contente d’affirmer que la raison est le propre de tous les hommes (ll. 12-13).
Critère D – Organisation des idées
Points attribués : 7
La structure et l’organisation des idées sont assez satisfaisantes et le sens des termes employés est clair. Les sources de l’information factuelle sont indiquées dans la bibliographie, mais il manque des références dans le corps de l’essai (par exemple, Descartes ll. 52-54, ll. 57-59 et l. 91) ; l’impératif catégorique (paragraphe 3) ; « selon la philosophie empiriste » (paragraphe 4) ; la référence à Hume (paragraphe 5). Il manque également une référence pour l’exemple d’Anna O (paragraphe 6) et pour la citation dans le paragraphe 7.
Exemple 4
Commentaires de l’examinateur
Note attribuée : C
Critère A |
5 |
Critère B |
3 |
Critère C |
5 |
Critère D |
6 |
Total |
19 |
Cet essai arrive à identifier des problématiques de la connaissance mais le traitement que le candidat en fait relève plutôt de la philosophie que de la TdC. Les domaines de la connaissance ne sont pas mentionnés (hormis l’éthique) et seuls la raison et l’émotion sont évoqués pour les modes – ce qui constitue le strict minimum, étant donné qu’ils font partie du sujet imposé. Le candidat considère par ailleurs ces deux modes séparément. Dans la première partie, il défend le rôle de la raison (paragraphe 3 : « la raison sert à établir des principes moraux ») et dans la deuxième, celui de l’émotion (paragraphe 4 : les valeurs sont basées sur « la tendance de l’Homme à ressortir ses sentiments de culpabilité et de son souci de faire le bien »). Si l’argumentation est adéquate, la conclusion l’est beaucoup moins : en effet, elle ne s’inscrit pas dans la suite logique des arguments avancés tout au long de l’essai (paragraphe 6 : c’est le « mélange » des deux modes qui est recommandé). L’engagement personnel dans les problématiques est faible et la voix du candidat s’entend uniquement dans le paragraphe final de l’essai.
Critère A – Comprendre les problématiques de la connaissance
Points attribués : 5
Dans l’ensemble, cet essai traite les problématiques pertinentes de la connaissance mais d’une façon abstraite et trop axée sur la philosophie (par exemple : paragraphe 3, la raison est nécessaire pour établir les principes moraux ; « d’un point de vue plus philosophique » paragraphe 4 ; la longue discussion de la position de Hume, paragraphe 5). La discussion sur les raisons pour lesquelles l’émotion est vraiment la base des actes et des jugements moraux est plutôt satisfaisante mais ses implications ne sont pas discutées (fin du paragraphe 4). On relève un contre-argument (début du paragraphe 4) mais, dans sa globalité, l’essai reste abstrait et descriptif. Le candidat n’indique pas comment l’organisation des « relations avec le réel » (paragraphe 2) est pertinente par rapport aux problématiques posées par le sujet ni comment les valeurs morales peuvent être neutres (paragraphe 3). On trouve quelques contradictions (par exemple au paragraphe 5 : après avoir affirmé que la raison était la base des valeurs morales, le candidat soutient que « la raison n’est pas utile à la morale »). Le lien qu’il établit entre l’émotion et la raison (« l’individu doit faire le tri dans ses sentiments et établir quel est le plus important » (fin du paragraphe 5) n’est pas analysé, et l’idée répétée d’ « un choix plus éclairé » dans la conclusion (paragraphe 6) n’est pas claire.
Critère B – Perspective du sujet connaissant
Points attribués : 3
La voix du candidat est peu en évidence. Hormis quelques exceptions (paragraphe 2 « ma raison » et « ma vie »), le ton est tout à fait impersonnel, du moins jusqu’à la conclusion où l’on entend de nouveau la voix de l’élève. Différentes perspectives philosophiques sont énoncées (par exemple Métayer au paragraphe 3 et Hume au paragraphe 5) mais celle du candidat l’est rarement. Celle-ci, selon laquelle l’individu a une « vision égoïste et subjective » et seule la raison « peut assurer la neutralité et l’universalité des différents principes moraux » (paragraphe 3), est confuse et ne repose sur aucune justification. La phrase « l’inconstance des sentiments peut jouer sur nos décisions morales » (fin du paragraphe 5) démontre une bonne expression mais encore une fois il n’y a pas de justification. Le candidat ne s’appuie pas suffisamment sur des exemples pour justifier et éclaircir ses théories (comme lorsqu’il affirme qu’il faut « revenir à un état neutre et objectif » ou que « les émotions déterminent nos choix moraux »).
Critère C – Qualité de l’analyse des problèmes de la connaissance
Points attribués : 3
L’argumentation est assez bonne, compte tenu des problèmes indiqués ci-dessus. La plupart des arguments sont justifiés, mais en utilisant exclusivement l’argumentation et en négligeant les exemples (paragraphe 2 : le candidat fait de « la conscience du réel » l’équivalent de « la fondation de la conscience », puis continue en affirmant que pour agir moralement, il faut avoir une conscience). Il effectue une remarque pertinente lorsqu’il soutient que la raison pousse les individus à évaluer leurs gestes (début du paragraphe 3) mais cette idée n’est pas justifiée. L’émotion dans les décisions morales est par ailleurs à peine mentionnée – ce sont plutôt des abstractions sur l’émotion. Les implications des arguments ne sont pas vraiment prises en considération, sauf implicitement, de même que les contre-arguments (par exemple, le choix entre la raison et l’émotion comme base des valeurs morales). L’essai présente des contradictions : par exemple, après avoir défendu le rôle de la raison pour « établir des principes moraux » (paragraphe 3), le candidat continue (paragraphe 5) en affirmant, pour défendre la place de l’affectivité, que « la raison n’est pas utile à la morale ». La conclusion est trop facile, voire simpliste (l’idée basique selon laquelle on a besoin de la raison ainsi que de l’émotion), et le candidat ne prend pas vraiment de position relative à la problématique.
Critère D – Organisation des idées
Points attribués : 6
La structure et l’organisation générale sont adéquates mais pas vraiment convaincantes. L’introduction est claire et concise. On note quelques bonnes définitions (paragraphe 3) mais le sens des termes n’est pas toujours clair (paragraphe 2 « choix éclairés » et comment la raison permet à l’individu « d’organiser ses relations avec le réel », idée qui n’a pas de rapport avec la question.). L’essai présente des idées confuses, notamment lorsque le candidat assure que « la raison n’est pas utile à la morale » (paragraphe 5), ce qui est en contradiction avec ses propos précédents. À la fin du travail, il est difficile de déterminer quel mode de la connaissance le candidat considère comme étant la base des valeurs morales et la conclusion est bâclée et hâtive. L’expression « comme l’expliquent les rationalistes » (milieu du paragraphe 3) ne correspond à aucune référence. Les sources d’informations ont été précisées. L’essai satisfait au nombre de mots imposés.
Exemple 5
Commentaires de l’examinateur
Note attribuée : D
Critère A |
3 |
Critère B |
3 |
Critère C |
3 |
Critère D |
4 |
Total |
13 |
Cet essai est un travail de faible qualité. Les références au langage sont vagues et les affirmations quant à son rôle de communication restent superficielles. Le langage, qui doit être au centre de cet essai, ne joue qu’un rôle implicite. Il est décrit de façon sommaire, et l’analyse de ses fonctions dans les domaines de la connaissance est insuffisante. La définition du langage donnée par le candidat est également assez générale et vague – le candidat le définit simplement par la « communication ». Dans sa globalité, la problématique (« le langage joue t-il des rôles de la même importance dans les domaines de la connaissance ? ») semble ne pas être comprise. Le candidat se contente de décrire et d’affirmer sans justification à l’appui que le langage est utilisé comme moyen de communication dans les divers domaines de la connaissance.
Critère A – Comprendre les problématiques de la connaissance
Points attribués : 3
Le candidat identifie quelques problématiques de la connaissance liées au langage, mais sa compréhension reste rudimentaire et limitée. Il part de l’idée que le langage contribue à « l’épanouissement de chacun des domaines » (l. 6) et que la communication « demeure le rôle le plus important dans le développement de l’humain » (ll. 9-10) mais il n’arrive jamais à approfondir ces affirmations. Les liens qu’il tente de tisser entre les domaines de la connaissance et le langage sont peu convaincants (comme « la véracité de la Bible » l. 16) et le rôle du langage n’est pas pris en compte avec ses problèmes inhérents. En général, les domaines sont traités très rapidement et sèment le trouble chez le lecteur (l’éthique et sa façon d’employer la langue « pour différencier et transmettre les valeurs positives et […] négatives » l. 26). Le candidat essaye de comparer les mathématiques et l’art mais son raisonnement n’est pas assez développé (l. 36 sqq.). Il compare également les modes de la connaissance que sont la raison et le langage (ll. 60-65), ce qui démontre une compréhension limitée de la problématique.
Critère B – Perspective du sujet connaissant
Points attribués : 3
L’engagement personnel de l’élève est rare. Il exprime des idées intéressantes mais ne les explique pas clairement et ne les justifie pas (la problématique religion et histoire comme domaines « fabriqués et amplifiés pour l’humain » ll. 91-93, la manipulation du langage ll. 92-95, l’art l. 93 sqq). L’essai ne présente qu’un seul exemple concret (Robert Décode ll. 40-43) mais celui-ci n’entre pas dans le cadre du sujet. On trouve quelques descriptions par rapport aux sciences (ll. 47-53) mais aucune perspective sur le rôle du langage ne s’y rapporte. En général, les perspectives ne sont pas traitées, seulement évoquées (par exemple : « le langage n’exige aucune preuve de vérité » l. 60, l’éthique et les cultures ll. 74-76). Tout ceci démontre un traitement personnel limité.
Critère C – Qualité de l’analyse des problèmes de la connaissance
Points attribués : 3
Cet essai est trop descriptif et limité, et, en général, les arguments sont analysés de façon superficielle. Nombre d’affirmations ne sont pas justifiées. Parmi celles-ci, on peut citer le rôle du langage par rapport aux guerres (l. 67 sqq.), le langage comme « le mode le plus utile » (l. 53), comment « l’éthique explore l’usage du langage comme moyen de propagande » (ll. 54-55), et la conclusion selon laquelle « le langage est à la base de toute éthique » (l. 56), « le langage n’exige aucune preuve de vérité ». En outre, on relève quelques affirmations vagues, comme : « le langage a été employé pour produire des assurances du passé » (ll. 71-73) et « l’éthique exerce le langage » (l. 74) pour transmettre les « ‘lois culturelles’ aux futures générations » (l. 76). Ainsi le candidat exprime-t-il des opinions plutôt que des arguments et comme l’essai ne présente pas de justifications par des faits ou des exemples, la discussion reste entièrement descriptive. On peut relever quelques tentatives de contre-arguments et d’analyse (paragraphe 9 et fin du paragraphe 12) mais elles ne sont pas développées (par exemple, le langage comme élément essentiel à la conservation de la religion et de l’histoire ll. 31-35).
Critère D – Organisation des idées
Points attribués : 4
L’essai manque d’organisation et de clarté, en raison du nombre limité d’exemples et de l’utilisation fréquente et étrange du concept de l’évolution, notamment (paragraphes 5, 9, 10). Les explications ne sont pas assez nombreuses et les définitions limitées (langage : « une combinaison de symboles, de gestes et de paroles » l. 9). Par ailleurs, certaines phrases/expressions sont incompréhensibles (par exemple, ll. 62-65 et « une vérité moyennement absolue » ll. 80-81). Dans l’ensemble, les idées se répètent, ce qui nuit au développement de l’argumentation. Deux références proviennent d’Internet mais elles ne sont pas complètes (pas de dates d’accès). Quant à la fiabilité des citations, le texte et la référence de « Robert Décode » (Recorde) ne sont pas corrects. L’essai satisfait au nombre de mots imposés.
Exemple 6
Commentaires de l’examinateur
Note attribuée : E
Critère A |
2 |
Critère B |
2 |
Critère C |
2 |
Critère D |
3 |
Total |
9 |
Cet essai est pauvre et très limité. Le candidat ne démontre que très peu de compréhension du sujet imposé. La discussion n’est dans son ensemble pas pertinente en dehors d’une analyse de la raison – très superficielle, toutefois – et d’une référence au langage. De plus, le candidat a sans doute confondu modes et domaines de la connaissance et il n’étudie pas leurs différences alors que le sujet imposé exige clairement de traiter les modes. L’élève conclut son essai en affirmant que le recours à la science est le meilleur moyen d’accéder à la vérité mais ne justifie pas cette théorie et n’analyse pas sa complexité. La division entre le monde sensible et l’âme (paragraphe 2) n’est pas très pertinente : le candidat ne rattache ces deux éléments qu’à la notion de vérité, et il n’explore pas la relation avec les modes de connaissance impliqués.
Critère A – Comprendre les problématiques de la connaissance
Points attribués : 2
Le travail commence mal avec la confusion entre domaines et modes (sciences, paragraphes 1 et 6 ; mathématiques, paragraphe 5) et l’affirmation selon laquelle de nos jours, « plusieurs domaines de la connaissance peuvent nous apporter une certaine vérité » (ll. 1-2), affirmation qui n’est pas étayée par une exploration des problématiques liées au concept de vérité. Cette confusion empêche l’essai de traiter efficacement le sujet. En ce qui concerne les modes, l’essai ne présente que des mentions (« le langage est le véhicule de toutes ces connaissances » ll. 27-28). On peut remarquer une tentative de distinction entre connaissance et savoir (paragraphe 4) mais elle est incomplète et peu évidente.
Critère B – Perspective du sujet connaissant
Points attribués : 2
Il n’y a pas de fond dans la perspective du candidat. Après avoir affirmé que c’était la raison qui donnait accès aux sciences (l. 21), l’élève continue en soutenant, très confusément, que « celle subjective rejoint l’intuition, qui donne accès à la religion » (ll. 21-22) mais sans justifier cette perspective et en la simplifiant (ll. 22-23). Le point de vue sceptique est creux (« les gens refusent de s’entendre » l. 28). L’essai ne comporte pas d’exemples concrets, il s’agit au plus de mentions (l. 50), et l’engagement personnel de l’élève est globalement inexistant. Le seul exemple donné est basique [la forme de la terre l. 66)], et il est à peine exploré. Les rôles des modes de la connaissance impliqués ne sont pas considérés.
Critère C – Qualité de l’analyse des problèmes de la connaissance
Points attribués : 2
Au lieu d’une analyse, le candidat nous présente une suite d’opinions non justifiées (« les connaissances communes […] » l. 29) et de généralisations (grâce à la science nous avons « des connaissances véritables et universelles » (l. 38) ou la science est « la forme suprême de la connaissance » (ll. 25-26). L’élève poursuit son travail dans la confusion en affirmant que la science est « habituellement reliée soit à un domaine ou bien à l’autre » (l. 26). Il n’apporte pas de justifications (« la connaissance est une forme particulière du savoir » l. 39) et la seule distinction qu’il réalise (entre perception et logique l. 30), débouche sur une contradiction (« donc elles n’ont aucun fondement expérimental » (l. 31), suivi de « longues recherches analytiques » (l. 33), le tout manquant de clarté et de justification). Il n’explique pas comment la science peut être « beaucoup plus solide » (l. 47) et ne mentionne pas quels modes de la connaissance sont employés ni comment ils le sont. L’idée d’« une connaissance nouvelle » (l. 56) n’est pas explicitée, elle est seulement mentionnée, de même que le concept de vérité dans la phrase suivante. Dans l’ensemble, l’essai présente très peu d’indications prouvant que l’élève ait conscience de l’existence de contre-arguments.
Critère D – Organisation des idées
Points attribués : 3
Il est possible de distinguer une certaine structure mais le discours est plutôt décousu et désordonné. Le développement de l’essai comporte de très nombreuses contradictions et incohérences. Les définitions et les explications sont très confuses : par exemple, le candidat prétend que la science est un mode (ll. 9-11) puis qu’il s’agit d’un domaine (l. 21). Il commet par ailleurs des fautes d’orthographe grossières (« résonner » au lieu de « raisonner » l. 30). En outre, quelques paragraphes (par exemple l. 50 sqq.) et quelques phrases (« le savoir comprend les mythes » ll. 39-40) sont complètement hors sujet. Le sens de l’expression « le principe de la rétroaction et de la correction » (l. 71) est flou et les distinctions et les définitions ne réussissent pas à clarifier les théories de l’élève (par exemple, le traitement du savoir, ou encore la science qui est à la fois « un point de vue parmi tant d’autres » (l. 44-45) et « vraie pour tous » (l. 48). Rien n’est finalement vraiment dit sur la vérité, qui devrait pourtant être au centre de la discussion. Il manque aussi la référence à Aristote (l. 33), qui ne peut pas vraiment être considéré comme connaissance générale.